Tuiliers-Briquetiers de père en fils depuis 1772, nous perpétuons tout naturellement les nobles traditions ancestrales. Ainsi, de génération en génération, nous sommes fiers de maintenir, en dépit de nos équipements modernes, la perfection artisanale. Découvrez l'histoire de la famille Barthe, depuis neuf générations.
La souche familiale "Barthe" est située à Labruguière, petite ville cantonale près de Mazamet dans le Tarn.
Au XVIIIème siècle, nos aïeux ont de nombreux enfants. Les familles quittaient difficilement le canton et vivaient en des lieux très proches de celui du travail. Les moyens de transport n’étaient pas aussi rapides que ceux que nous connaissons aujourd’hui.
En 1799, une grande partie des registres tenus par le clergé sont brûlés. Une manière d’abolir les privilèges par la destruction de toutes marques écrites. Sur des registres bien antérieurs à la révolution, ne faisant pas l’objet de la colère du peuple, on retrouve dans la commune de Labruguière, un nombre important de Barthe briquetiers. Par rapport à la date de 1720, il est probable que nos racines soient plus profondes encore. Nous n’avons pas poussé les recherches nécessaires pour établir un arbre généalogique plus important.
Depuis un temps immémorial sur le territoire des deux Saint-Amans, on dénombre une myriade de fileurs, cardeurs et tisserands. Dès le XIIIème siècle, on découvre dans les textes la présence d’ouvriers à domicile, travaillant pour le compte de marchand-fabricants ou facturiers des villes voisines de Castres, Labruguière...
À Saint-Amans, comme dans l’ensemble du bassin mazamétain, la révolution industrielle se fait, grâce à l’énergie hydraulique et non au charbon comme dans la plupart des régions. Saint-Amans possédait un important réseau hydraulique pourvu de remarquables chutes naturelles propices au développement de nouveaux espaces industriels au XIXème siècle, pour des usines de délainage, filatures, ateliers de tissage, moulins et scieries.
Ainsi, l’industrialisation et le besoin de construire remontent la vallée. La famille Barthe suivra le même chemin. Venue de Labruguière, on la retrouve dans le métier de tuilier ou briquetier à Sain- Amans. En effet, Saint-Amans va devenir à cette époque un centre important de fabrication de tuiles et de briques. La tuilerie du Mas Berg, appartenant au Maréchal Soult, échappe de justesse à l’incendie criminel du 6 au 7 juillet 1839 suite à la colère des bûcherons.
Saint-Amans la Bastide, possédait trois autres tuileries : Une aux “ En Thomas ” reconstruite en 1826 par Monsieur Poumayrac Rieuvergnet, maire de Lacabarède et propriétaire du domaine. Elle fut démolie en 1855, une autre fabrique sise à “ La Lamberte ”, fondée par Matthieu Bruyière en 1831 et restera en activité pendant une quarantaine d’années, enfin une quatrième briqueterie, certainement la plus ancienne qui appartenait à Monsieur de Riols et se situait à Rieussequel. Par alliance, celle-ci passa vers 1850 à la famille de Monsieur Charles de Larivière, futur conseiller général radical du canton. Seule cette dernière existe encore aujourd’hui :
Chaque tuilerie ou briqueterie avait à côté de la fabrique ses propres carrières. Les gisements d’argiles n’étaient pas en ce lieu inépuisable. La vallée sédimentaire du Thoré est très étroite. La pénurie des ressources a contribué à la fermeture prématurée des tuileries.
Seule, la briqueterie de Rieusequel a pu attendre les années 50 du XXème siècle pour recevoir par camion, les argiles du Lauragais, dont les carrières appartiennent aujourd’hui à la société Guiraud, pour alimenter dès cette époque plusieurs usines. C’est une des raisons qui a poussé Léopold Barthe à quitter la région en 1927. Par ailleurs, il était seulement gérant et non le propriétaire. Il pouvait développer l’affaire, tirer le profit nécessaire, mais, tout ce qui était bâti sur le terrain pour obtenir les moyens de ses objectifs, appartenait au propriétaire du terrain. Tel a toujours été la règle.
Le père (1847-1908) et le grand-père (1815-1905) de Léopold (1885-1939) avaient reçu le même prénom : Pierre. Léopold l’a transmis à son tour à son fils (1909-1968) notre père.
La mort prématurée de Pierre Barthe en 1908, père de Fernand (1882-1963) et Léopold, engage la vie de ses enfants dans des directions différentes. On peut découvrir le profil de Pierre Barthe dans le discours prononcé à sa mémoire par Monsieur Charles de Larivière, trésorier général de Saône-et-Loire. Charles de Larivière était un ami personnel de Pierre Barthe, on comprend les raisons qui ont poussé Fernand, frère de Léopold à faire des études pour entrer dans l’administration. Fernand finira sa vie à Evreux où il était percepteur. La briqueterie ne faisait pas partie de la propriété de la famille Barthe, il n’y a donc pas eu à la succession entre les deux frères, de partage d’usine.
Au cours de son service militaire, Léopold Barthe rencontre dans le Jura, sa future femme : Germaine Couturat. Elle avait terminé ses études à l’École Normale, avait deux frères : Gabriel et Gaëtan puis, une sœur : Lucienne, beaucoup plus jeune.
Notre grand-mère, très menue, était une femme de caractère, instruite et cultivée. Son langage manipulait le verbe avec dextérité pour éclairer, avec une juste autorité, les objectifs à atteindre. Sans complaisance pour les tirs aux flancs, elle avait la rigueur et le courage donné par sa mère. Une mère qui a élevé dignement, avec l’aide de ses sœurs, ses quatre enfants après la mort accidentelle de son mari. Elle travaillait dans l’administration des impôts à Lons-Le-Saunier dans le Jura. Monsieur Charles de Larivière connaissait la famille Couturat.
L’École Normale a appris à Germaine qu’on ne peut demander aux autres que ce dont on est capable de s’imposer à soi-même : honneur, travail, volonté, persévérance … En 1910, elle est institutrice à Saint-Amans. Quatre ans plus tard, la grande guerre éclate. Léopold est mobilisé dans les Alpes, au régiment des chasseurs alpins sur le front italien.
Au cours d’une permission, Léopold demande à sa femme d’abandonner son poste d’institutrice pour faire fonctionner la briqueterie. Dans cette période très éprouvante, les femmes avaient pris la place des hommes partis à la guerre. À Saint-Amans, les propriétés très alcalines des eaux des diverses rivières avaient déjà permis, depuis longtemps, à cette époque, l’existence et le développement d’usines de délainage. Un très grand nombre de peaux arrivaient des régions de France, mais surtout, d’Australie ou d’Amérique du Sud, des comptoirs de Buenos Aires ou de Montevideo. Ces usines ont certainement connu la nécessité de se développer pendant la guerre pour protéger du froid les soldats et les Français. Une occasion également pour la briqueterie de Rieussequel d’honorer le maintien nécessaire dans cette conjoncture, du marché de la brique.
À la fin de la guerre, à son retour, Léopold était tout ébloui. Germaine avait accompli de main de maître, avec une équipe de femmes, sa mission. Les événements, dans une activité débordante en ce lieu malgré le conflit, lui a donné l’occasion de gagner beaucoup d’argent. Ces capitaux leur permettront, dix ans plus tard, de devenir actionnaire à l’usine de Gratens.
Pendant la guerre, leur fils Pierre, né en 1909, est atteint par une crise de rhumatismes articulaires aigus. À cette époque, les médecins étaient auprès des soldats et la maladie fut mal soignée. Les médicaments n’avaient pas non plus une grande efficacité pour la combattre. Il allait advenir pour notre père un souffle au cœur lui interdisant les activités sportives. Son état de santé orientera plus tard le devenir du flambeau familial dans le métier. Le destin de la famille Barthe, de la région de Mazamet et de la France, est très fortement lié à celui du Maréchal Soult. Le vécu extrêmement riche du Maréchal a sans aucun doute débordé sur la famille Barthe. Nous l’avons déjà dit, la tuilerie du Mas Berg appartenait au Maréchal. Louis Barthe était le tuilier gérant exploitant de la fabrique.
Pour atteindre ses objectifs, le Maréchal devait avoir dans son entourage le sens de la communication. Son ouverture sur l’Europe et les problèmes de la France ont forgé une expérience certainement très communicative. Entre la république et la noblesse, il a su garder des liens étroits. Les liens conservés par le fils du Maréchal, marié avec Mademoiselle de Savigny, ont peut-être donné l’occasion à la famille Barthe d’évoluer vers l’usine de Rieussequel, appartenant à la famille de Riols.